Crème à raser : fabrication de A à Z

Shaveintro

Bonjour les amis !
Je partage avec vous la fabuleuse recette de la crème à raser ! Si si, la crème à raser, celle qui se mousse grâce au blaireau !
Alors, je voulais depuis longtemps réaliser cette recette, mais je ne savais comment faire.
Les savons classiques saponifiés à froid sont intéressants, mais leur mousse n’est pas aussi dense que celle des savons à barbe. De même que la mousse de ces savons classiques n’est pas persistante.

Je m’explique : lorsque vous faites mousser un savon et que vous appliquez cette mousse sur la peau, vous constaterez qu’elle ne se maintient pas sur la peau. La couche de mousse mincit et la peau apparaît. Et nous savons qu’une belle mousse à raser reste stable sur la peau, pour un rasage optimal (Oui. Je parle comme les pubs Gilette…).

J’ai cherché pendant longtemps, sans grand succès. Sur internet, les recettes ne me plaisaient pas. Il y avait des crèmes à raser sans savon (une simple crème ou baume) qui ne feraient qu’encrasser le rasoir, il y avait des crèmes à raser faites à partir de refonte de savon. Là aussi, ça ne me plaisait pas : question de texture et de mousse.
Après avoir arrêté de chercher, j’ai enfin réussi à trouver, par hasard, quelques éléments de recette !

Je suis tombé sur le blog de Colchique, qui réalise de formidables choses, dont un savon crème ! Ni une ni deux, je regarde sa composition. Je ne reprends que ses proportions d’alcalis : soude et potasse. Ils ne sont pas calculés, donc il faut le calculateur. Je vous expliquerai en détails comment faire.

J’ai par ailleurs, trouvé les bonnes proportions des bons gras. Car pour faire un bon savon, il faut de bons gras. Ici, je souhaitais un savon qui mousse très bien, et que celle-ci soit bien dense et se maintienne sur la peau. C’est le blog de fourre-tools, qui m’a permis cela.
Je n’ai donc pas été très original dans la recette de base, mais je me suis rattrapé avec le surgraissage que j’ai formulé. Voici donc.

Pour un surgraissage initial de 5%.

formule shave

Surgraissage additionnel : 10% (du poids des huiles de base)

surgras shave

Mélange d’huiles essentielles : 3.3% (du poids des huiles de base)

HEs shave

Calcul de la recette :

Nous avons deux calculateurs à disposition.
Le premier est Snowdrift, le second est Soapcalc.
Snowdrift est intéressant car il permet de calculer la recette en précisant qu’il s’agit d’un savon crème que l’on souhaite réaliser. (clic)
Soapcalc est lui intéressant car il permet de prendre en compte les 10% d’impuretés de la potasse. En effet, vous trouverez généralement dans le commerce de la potasse pure à 90%. (clic)

Nous allons utiliser les deux calculateurs et rassemblerons les données pour formuler. Vous verrez, c’est très simple. Personnellement, les maths et moi sommes fâchés depuis bien longtemps, et pourtant, j’ai réussi. Alors, si j’y suis parvenu, tout le monde peut y parvenir !

Commençons par Snowdrift.

Dans la case où le calculateur demande le pourcentage de soude (NaOH), mettez 20.
Là où il y a écrit KOH, mettez 80.
Pour le « Lye discount », mettez 5.
Pour les « Units », choisissez « Grams ».
Il vous demande si c’est un « Cream Soap » que vous souhaitez faire, choisissez « Yes ».
Viennent ensuite les huiles.
Pour Le « Coconut Oil 76 », mettez la quantité que vous souhaitez.
Idem pour le « Stearic Acid ».
Rappel : évaluez avant tout la quantité d’huiles que vous souhaitez employer : 200g, 400g, plus ?
Ainsi, vous pourrez insérez vos 54% et 46% en grammes dans le calculateur.
Par exemple, si vous souhaitez employer 200g d’huiles alors :
Acide stéarique : 108g
Coprah : 92g

Une fois fait, cliquez n’importe où sur la page pour que les calculs se fassent.
Vous avez vos poids d’alcali, d’eau et de glycérine.
Attention, la potasse calculée est considérée comme pure à 100%.

Donc, pour être plus précis, nous allons passer sur Soapcalc.

Sur Soapcalc, cochez la case KOH et 90% KOH.
Puis, cochez « Grams » et entrez 80% du poids de vos huiles.
Rappelez-vous, la proportion de potasse est de 80%. Donc, on souhaite connaître la quantité d’huiles que ces 80% de potasse vont saponifier.
Si nous reprenons l’exemple des 200g d’huiles, alors nous insèrerons 160g d’huiles.

Pour la case « Water », laissez tel quel.
Pour le « Superfat » (surgraissage), mettez 5.
Mettre 0 pour la fragrance.

Entrez désormais la quantité de vos huiles en pourcentage :
Stearic Acid : 54%
Coconut Oil 76 : 46%

Cliquez sur « Calculate Recipe ». Puis, sur « View or Print Recipe ».
Vous avez, en rose, votre quantité de potasse.

On peut également faire la même chose avec la soude.
Cochez NaOH, choisissez « Grams » et entrez 20% du poids de vos huiles (en grammes, donc).
Laissez « Water » et gardez un « Superfat » de 5%.
Pour ce qui est des quantités d’huiles en pourcentages, ça ne change pas : 54% pour l’acide stéarique et 46% pour le Coprah.
Cliquez sur « Calculate Recipe » puis sur « View or Print Recipe ».
Vous avez votre quantité de soude.

Ainsi, vous pouvez gardez ces deux valeurs.
Vous les associerez aux valeurs de l’eau et de la glycérine calculées sur Snowdrift. Donc, les valeurs d’alcali de Snowdrift peuvent être oubliées (bien que proches de celles de Soapcalc).

Vous avez suivi ? Ok super, alors on peut passer à l’atelier pratique ! 🙂

Modus operandi :

Après avoir veillé à l’hygiène et à votre sécurité (les alcalis sont corrosifs, je le rappelle), vous pèserez tous vos ingrédients, surgraissage et glycérine compris. Ainsi, vous aurez tout à portée de main.
Faites fondre l’acide stéarique ainsi que le coprah au bain-marie.

De votre total d’eau de la recette calculée sur Snowdrift, 20% seront de l’hydrolat de néroli. Ajoutez donc cet hydrolat à l’eau. Puis, dissoudre dans cette eau les alcalis (potasse et soude). Ajoutez le kaolin et bien mélanger [1].
Une fois les huiles fondues, il ne faut pas attendre que la température redescende.
En effet, ce sont des gras durs qui se figent très rapidement. Donc, on verse la lessive d’alcalis dans les gras [2].

shav1

Et là, on mélange au fouet pour homogénéiser le mélange jusqu’à ce qu’une pâte se forme. Tout d’abord, la pâte sera très fluide [3]. Continuez de mélanger, elle s’épaissira [4].

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Puis, ajoutez le surgraissage (hors huiles essentielles) et continuez de mélanger [5]. Vous constaterez que l’huile ajoutée à du mal à s’incorporer, c’est normal [6]. Ensuite, ajoutez votre glycérine et mélangez à nouveau [7]. Continuez de bien mélanger pour obtenir une pâte homogène. J’ai utilisé un grand fouet et de l’huile de coude.

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Si la pâte est encore bien chaude, attendez que la température redescende. Une fois fait, ajoutez vos huiles essentielles et mélangez une dernière fois pour bien homogénéiser le savon [8]. Elle devrait finir par avoir la consistance d’une pâte à beignets bien épaisse [9].

shav8

Filmez votre récipient et laissez le poser une nuit entière.
Le lendemain, donnez un petit coup de fouet pour contrôler la texture : elle devrait être ferme mais onctueuse (là on dirait que je vous présente un yaourt ^^ ). Vous pouvez dès lors conditionner le savon en pot.
Il est possible de le laisser curer quelques semaines pour le bonifier. Mais vous pouvez tout à fait l’utiliser dès à présent.

Utilisation de la crème à raser :

Ce n’est pas très compliqué, mais il faut avoir un accessoire bien pratique : le blaireau.
Effectivement, c’est lui qui va vous aider à monter le savon en mousse.
Mais avant de commencer à vous raser, il faut bien humidifier votre barbe et réchauffer votre peau. Cela permettra un rasage plus simple et occasionnera moins de coupures. De même que vous pouvez utiliser une huile de pré-rasage pour bien préparer votre peau.

Deux méthodes existent :

La première consiste à prélever une noix de crème à raser et de la placer dans un bol. Vous humidifierez abondamment votre blaireau avec de l’eau bien chaude. Une fois fait, il suffit de fouetter le savon dans votre bol, un peu comme si vous deviez monter des blancs en neige. Plus vous fouetterez le savon, plus celui-ci moussera et donnera une mousse riche et dense.
Dès que vous obtenez la mousse que vous souhaitez, il ne reste plus qu’à l’appliquer généreusement sur votre barbe et de commencer le rasage.

La deuxième méthode est surtout adaptée lorsqu’on est en déplacement et que l’on ne dispose pas de bol avec soi. Elle est très simple : il suffit de placer une noix de crème à raser au centre du blaireau (un tout petit peu sous les pointes des poils). Bien entendu, comme pour la première méthode, il faut que le blaireau soit particulièrement humide et chaud.
Puis, il suffit de faire mousser la crème directement sur le visage : réalisez des mouvements circulaires sur toute votre barbe, un peu comme si vous vous massiez avec le blaireau.
Vous recouvrirez alors toute votre barbe d’une bonne couche bien dense de mousse à raser. Et vous êtes prêt pour le rasage ! Voici un petit aperçu de la mousse que génère cette crème, lorsque montée à l’aide du blaireau.

shave12Incroyable n’est-ce pas ? On dirait une mousse issue d’une bouteille prête à l’emploi et pourtant…
Ma crème à raser n’a donc absolument rien à envier aux crèmes du commerce !

Concernant le mélange de macérats et d’huiles essentielles, je l’ai choisi en fonction de mes goûts et de mes sensibilités.

On y trouve une odeur fraiche et fruitée, avec une pointe acidulée. Quelques notes chaudes et balsamiques viennent prolonger l’arôme de ces notes de tête. Le parfum est plutôt aérien et laisse entrevoir des tonalités fines et masculines. L’ensemble rend donc une fragrance tonique et légère, allongée par des notes denses et résineuses, lui apportant une certaine élégance.

Il vous est totalement libre de changer ce parfum et de jouer avec les accords que vous permettent les plantes et huiles essentielles. Pour vous y aider, rappelez-vous l’article consacré aux parfums que je vous avais rédigé (clic).

Voilà pour la fabrication d’une crème à raser. Comme nous avons pu le voir, ce n’est pas bien compliqué. Bien sûr, cela requiert de la technique mais aussi un dosage approprié. L’art de la savonnerie est très large et nous permet de faire de nombreuses compositions.
Ici, la texture crème est réussie et ne se fige pas dans le temps. Je tenais vraiment à vous partager la recette, car on trouve peu d’informations à ce sujet. Comme je l’ai dit plus haut, j’ai moi-même été confronté à cette absence d’informations, bien frustrante.

Vous avez pu également voir à travers ce pas à pas que l’utilisation de deux alcalis ainsi que deux calculateurs n’est franchement pas compliquée. Il suffit de suivre les étapes, après quoi, les choses vont d’elles-mêmes.

Vous voici donc avec un produit sur-mesure, efficace et agréable à utiliser. Économique et écologique de surcroît ! Fini les bouteilles jetables pleines de gaz ! Désormais, à vos blaireaux !

L’Apothicaire. 🙂

Shavefin

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23 commentaires pour Crème à raser : fabrication de A à Z

  1. Colchique dit :

    Coucou l’Apothicaire, 😉

    Oh ! la ! la ! Grand respect ! J’adore fortement !

    Ça c’est du savon qui mousse beaucoup beaucoup. Vive la mousse !

    Merci beaucoup pour cet article extrêmement intéressant, tout comme l’article de fourre-tools.

    Ça c’est du beau boulot de réflexion et de réalisation, pour faire avancer le schmilblic de comment obtenir de la mousse en veux tu en voilà avec du savon.

    • L'Apothicaire dit :

      Coucou Colchique !
      Merci beaucoup pour ton commentaire! Ça me fait super plaisir! 🙂

      Oui, ça mousse beaucoup, comme tu dis, et c’est un véritable plaisir que d’utiliser cette crème à raser! Je ne m’en lasse pas !

      😉

  2. Joh dit :

    Bonjour,
    Je pense réaliser votre recette. Merci à vous pour ce travail !
    Avec cette quantité d’eau, combien de temps pensez-vous que la crème peut se conserver ?
    Merci.

    • L'Apothicaire dit :

      Bonjour Joh!
      Merci pour votre commentaire!
      Cela fait plus d’un mois que j’ai réalisé ce savon et je n’ai aucun souci de conservation.
      Je pense pouvoir le conserver encore 5 ou 6 mois sans problème, mais là je spécule.
      Si, au fil du temps, je vois que mon savon moisit, alors je viendrai actualiser cet article en conseillant l’ajout d’un conservateur dans la recette.

      😉

      • Joh dit :

        Merci pour votre réponse.
        J’ai réalisé la recette, sans aucun souci. Testé une fois pour le plaisir, je vais maintenant le laisser curer un peu, afin qu’il « s’améliore ».
        Bonne journée, Joh.

  3. Joh dit :

    (Re)Bonjour
    Adepte de la SAF, je cherche également à faire un savon à raser (plus classique, donc) mais sans acide stéarique… Auriez-vous quelques conseils à me donner ?
    Merci !

    • L'Apothicaire dit :

      Bonjour Joh!
      Alors, il est possible de passer par d’autres gras qui eux, contiennent de l’acide stéarique entre autres acides gras.
      C’est le cas du beurre de Karité, ou encore du beurre de mangue. Il y a également le beurre de cacao, assez riche en acide stéarique.

      Avec ce type de gras durs, vous pourrez avoir les bénéfices de l’ensemble des acides gras sur la peau (comme une véritable huile végétale), mais en plus, l’acide stéarique qui les compose va permettre d’obtenir une mousse assez intéressante et recherchée pour le savon à raser. 🙂

  4. Paul-Henri dit :

    Bonjour,

    Si j’ai bien compris la recette, l’hydrolat de néroli est là pour parfumer l’ensemble ? Est il possible de le changer par autre chose ? Quid des huiles essentielles en plus de cet hydrolat ? Ne risque t-on pas un mélange peu odorant ?

    • L'Apothicaire dit :

      Bonjour Paul-Henri !
      Oui, l’hydrolat de néroli est ici pour parfumer. Et il est tout à fait possible de le remplacer par l’hydrolat de ton choix.
      Les huiles essentielles sont, pour moi, bien dosées pour agréablement parfumer sans forcément que ce soit trop fort. 😉

  5. violette dit :

    bonjour l’apothicaire, j’ai en prévision un savon a barbe pour beau papa mais la ou je ne comprends pas c’est quand tu écris : On peut également faire la même chose avec la soude.
    Cochez NaOH, choisissez « Grams » et entrez 20% du poids de vos huiles (en grammes, donc). c’est 20 % ils sont ou ? la désolée je ne te suis plus du tout lol

    • L'Apothicaire dit :

      Bonsoir Violette,

      Dans la totalité de vos huiles, il faudra que 80% soit saponifiée par la potasse et 20% par la soude.
      Ce qui fait que dans le calculateur, vous choisissez NaOH, puis vous cochez « grams » et ajoutez 20% du poids de vos huiles.

      Si ce n’est toujours pas clair, dites-moi. 😉

  6. mamajdida dit :

    wahou super, je n’ai encore jamais manié la potasse mais des que je m’y mets c’est par cette creme que je commencerais, je cherche justement a combler mon mari qui utilise encore les mousses du commerce par ce qu’elles ont La mousse qu’il recherche, par une creme a raser faite maison…je reviendrais faire un retour des que je m’y serais mise…bonne année!!! bye

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  8. Boozimo dit :

    Bonjour l’Apothicaire !
    Je n’ai pas bien compris ce que tu voulais dire dans « lessive d’alcalis », et aussi pourrais tu m’indiquer où trouver les macérats. Merci

    • L'Apothicaire dit :

      Bonjour Boozimo,

      La lessive d’alcalis signifie le mélang d’eau et de soude et/ou potasse.
      Les macérâts sont des infusions de plantes dans un solvant type alcool, huile ou glycérine végétale.

  9. Robert dit :

    Bonjour,

    Vous mentionnez le calculateur Snowdrift qui permet de mixer soude et potasse. Ce calculateur n’est plus disponible. Pouvez-vous me conseiller un autre calculateur qui permette la même fonction ou à tout le moins de pouvoir suivre la méthode expliquée.

  10. Cretegny dit :

    Bonjour,
    Je viens de découvrir votre blog et cette recette très intéressante mais ce qui m’intrigue c’est le mélange soude (pour saponifier à froid) et potasse (pour saponifier normalement à chaud, à bain marie).
    Ici, vous avez 80% de potasse qui est saponifiée « à froid » ! est-ce que cela ne pose aucun problème ?
    Et autre question : est-ce que votre mousse ce conserve longtemps ?
    Je ne sais pas si vous verrez mon message puisque les derniers dates de 2014 mais on verra bien.
    Cordialement,
    Sylviane

    • L'Apothicaire dit :

      Bonjour Sylviane,

      Non, pas de souci pour cette formulation, la potasse peut être utilisée pour saponifier à froid. 😉

      Concernant la mousse, « ce conserve longtemps », c’est-à-dire ?

  11. nathalie dit :

    bonjour, quelle est le ph de ce savon? j’ai des doutes de mes calculs mon savons est maintenant dure et non en creme merci

  12. Lucky dit :

    Bonjour
    Merci beaucoup pour votre recette. J’ai toutefois quelques problèmes pour tout comprendre :
    J’ai rentré les quantités de Coprah et Stéarique dans Snowdrift il calcule donc la quantité d’hydroxide de soude et potassium, la glycérine et pour l’eau : Batch water 72 ml + cream soap water 158.4 . Le résultat pour les quantités de 200 g avec 54% Stéarique et 46% Coprah
    À quoi corresponde ces des valeurs ?
    Merci
    Lucky

  13. Eugénelle Deschenes dit :

    Bonjour, je voudrais vous dire comme ça, http://www.saffireblue.ca. dans le blog, savon liquide. Je l’ai essayé. Pourriez vous me dire ce que vous en pensez

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